La galerie a toujours attaché à l’aspect curatorial de ses activités une importance particulière et notre programme intramuros a souvent été marqué par la réunion de deux personnalités, sous la forme d’une « conversation ».
C’est à la suite de visites des ateliers de Jack Youngerman et de François Morellet qu’il nous a semblé pertinent de penser à un projet associant quelques-unes de leurs œuvres les plus récentes tant nous avons été frappés des affinités potentielles.
Exacts contemporains — et dans leur 89ème année, ils sont amis de très longue date. En effet, Morellet et Youngerman se sont rencontrés en 1952 alors que le second vivait en France et était le compagnon de l’actrice Delphine Seyrig. Tous deux ont mis en place, dès cette époque, un vocabulaire à l’encontre des positions dominantes en s’attachant à produire une forme d’abstraction dépouillée.
Ce projet est donc avant tout l’expression d’une amitié entre deux artistes qui ont mis en place, très jeunes, un vocabulaire à l’encontre des positions dominantes de l’époque, s’attachant alors à promouvoir une forme d’abstraction assez radicale.
Utilisant des formes élémentaires, formats ronds et carrés — parfois sur la pointe — ou triangulaires, droites ou courbes, les deux artistes prédéterminent leurs compositions pour éliminer l’arbitraire et développent leurs pièces de manière sérielle, avec une approche spatiale assez similaire. D’autres éléments les rapprochent : les rapports d’échelle et au mur sont comparables tout comme la présence de la symétrie.
Il nous apparaît pertinent de pouvoir présenter en Suisse, où l’histoire de l’abstraction géométrique s’est constamment renouvelée, ce dialogue entre deux artistes majeurs dont les travaux donnent un sentiment d’accomplissement quasi jubilatoire.
François Morellet et Jack Youngerman sont nés en 1926, le premier à Cholet, le second à Saint-Louis (Missouri). Leurs œuvres figurent dans de nombreuses collections publiques et parmi les expositions et rétrospectives qui leur ont été consacrées, citons, pour Youngerman celles du Guggenheim Museum à New York en 1986 et du Parrish Art Museum à Water Mill en 2005 et pour Morellet, celles du Brooklyn Museum à New York en 1985 et du Centre Pompidou à Paris en 2011.